Deux visions de la littérature
Il y a quelques jours, dans les colonnes du quotidien espagnol El País, l’écrivain Antonio Muñoz Molina comparait les visions de la littérature de deux compatriotes, Juan Goytisolo et Carlos Ruiz Zafón. Une semaine auparavant, les deux auteurs s’étaient exprimés à ce sujet en des sens diamétralement opposés dans un même numéro du journal. Le titre de l’article de Muñoz Molina, El integrado, el apocalíptico, faisait référence à une distinction forgée par Umberto Eco. Dans un essai publié il y a plus de quarante ans, sous les appellations (un peu étranges) d’« apocalyptiques » et d’« intégrés », le sémiologue italien opposait aux intellectuels qui dénoncent la « marchandisation » de la culture ceux qui, au contraire, voient dans le développement de la culture de masse le garant de la démocratie.
Dans l’esprit de Muñoz Molina, l’« apocalyptique » est Juan Goytisolo, un écrivain qui se présente comme un rebelle en révolte contre une société mercantile ; l’ « intégré » est Carlos Ruiz Zafón, auteur, à ce jour, d’un best-seller mondial, représentant et avocat de la littérature populaire, qui voit son métier essentiellement comme celui d’un raconteur d’histoires. Goytisolo plaide pour une littérature exigeante sans compromission avec les nécessités du commerce ; Zafón pour une littérature de divertissement jouant pleinement le jeu du marché.
Un livre qui se vend est-il nécessairement mauvais et un livre de qualité inévitablement condamné à une diffusion confidentielle ? Le succès commercial récompense-t-il uniquement la mauvaise littérature, et un destin d’auteur maudit est-il le critère du talent ? Non, répondait avec beaucoup de bon sens Muñoz Molina : de très grands auteurs comme Stendhal ont été ignorés par leurs contemporains, mais des géants de la littérature du niveau de Balzac, Tolstoï ou Dickens ont été lus de leur vivant par des milliers de personnes.
Que penser à cet égard des deux écrivains évoqués dans l’article, plus particulièrement du second et de son œuvre ? Ancien opposant au franquisme exilé en France et vivant aujourd’hui au Maroc, militant tiers-mondiste et critique virulent du capitalisme, auteur de romans souvent autobiographiques rédigés dans une prose tendue et écrivain reconnu, Juan Goytisolo est présent sur la scène littéraire hispanophone depuis plusieurs décennies. Ce n’est pas du tout le cas de Carlos Ruiz Zafón, qui est beaucoup plus jeune et n’y est apparu que très récemment, à l’occasion de la publication de son cinquième roman La sombra del viento (L’ombre du vent). Devenu en quelques semaines un spectaculaire succès de librairie, cet ouvrage a été traduit dans quarante langues et vendu à plus de dix millions d’exemplaires. Dans son genre, c’est incontestablement un livre réussi.
Un roman-feuilleton moderne
L’histoire se déroule à Barcelone durant une période qui va des années trente aux années cinquante du siècle dernier. Le héros et narrateur est un adolescent nommé Daniel, fils unique d’un libraire. Par un concours de circonstances, il se retrouve en possession d’un exemplaire apparemment unique d’un livre rédigé par un mystérieux écrivain de la ville nommé Julian Carax, disparu après s’être établi à Paris dans des circonstances qui n’ont jamais été complètement élucidées. Ce livre s’intitule précisément La sombra del viento. Intrigué et troublé, le jeune Daniel va s’engager dans une longue et dangereuse quête d’informations au sujet de l’homme et de son œuvre. Sa vie va se mélanger avec celle de plusieurs personnes qui ont été impliquées dans celle de Carax ou qui l’ont connu personnellement. Et il va connaître toutes sortes d’aventures liées aux conséquences d’une série de mystères dont la clé ne se dévoilera qu’à la fin du récit, en un dénouement dramatique dans une atmosphère de catastrophe, comme c’est presque la règle pour ce genre de roman. L’ombre du vent est un livre de plus de cinq cent pages dont au minimum cent sont de trop. Il y a des longueurs, surtout vers le milieu, et à plusieurs reprises le récit se traîne. Les personnages n’ont pas beaucoup d’épaisseur, leur psychologie n’est pas très élaborée, certaines images sont un peu convenues et il arrive même à Zafón de tomber dans les clichés. Barcelone est par ailleurs bien moins présente dans L’ombre du vent que dans les histoires du détective Pepe Carvalho de Manuel Vásquez Montalban ; le lecteur en apprend moins à son sujet que dans le roman historique La cathédrale de la mer (La catedral del mar) d’Ildefonso Falcones (un autre best-seller espagnol récent) ; et on n’y trouvera qu’un reflet de l’atmosphère psychologique et mentale si particulière de la cité, qui imprègne le merveilleux livre d’Eduardo Mendoza La ville des prodiges (La ciudad de los prodigios). Si la grande ombre de la guerre civile, particulièrement sanglante en Catalogne, plane de surcroît sur tout le roman, la façon dont cette tragédie a déchiré le pays reste évoquée d’une manière un peu abstraite.
Mais L’ombre du vent est un roman très bien construit. L’histoire est intelligemment bâtie et habilement exposée, sans ces incohérences et ces erreurs logiques qui viennent souvent entacher les romans à l’intrigue si compliquée que l’auteur se prend les pieds dans son propre récit. On est immédiatement happé dans le roman, et une fois plongé dans ses péripéties il est très difficile de s’en extraire. Plusieurs personnages sont assez réussis, et l’ambiance pesante de l’Espagne franquiste plutôt bien rendue. Rarement on se surprend à relire un paragraphe pour sa seule beauté. Mais rien ne heurte ou ne choque dans les phrases bien agencées et la langue soignée de Zafón, dont la prose carrée, riche et robuste entraîne efficacement le récit comme une machine intelligente et bien huilée, et vous porte confortablement tout au long du roman.
Certains critiques ont été jusqu’à comparer Zafón à Gabriel Garcia Marquez, pour l’étrangeté des situations et des personnages de La sombra del viento, ou à Jorge Luis Borges, sans doute parce qu’il y est beaucoup questions de livres, de bibliothèques et de littérature. À l’évidence, son univers est pourtant aussi éloigné du réalisme magique du premier qu’étranger aux fantaisies érudites du second. Et si son espagnol solide et coloré est agréable à lire, rien dans sa langue ne vient rappeler la prose superbe, musicale et enchanteresse de l’auteur de Cent ans de solitude ou le castillan pur, précieux et aristocratique du grand écrivain argentin.
On a rattaché L’ombre du vent à la tradition du roman « gothique » d’Horace Walpole et de Matthew Lewis, auquel il fait indéniablement penser par son atmosphère de mystère et de terreur et son organisation basée sur le procédé séculaire de l’emboîtement des récits (l’histoire dans l’histoire dans l’histoire). Le livre de Zafón se situe aussi dans la filiation des romans-feuilletons d’Eugène Sue et Alexandre Dumas, ainsi que de Charles Dickens, qu’il évoque par de nombreux aspects : la nature caricaturale des personnages, dans la tradition du théâtre qui a tellement marqué Dickens, le rôle qu’y jouent les dialogues et les récits de leurs aventures que font les différents protagonistes, et la manière peu vraisemblable dont ces derniers sont tous reliés les uns aux autres par un tissu serré de liens entrecroisés. A propos de L’Ombre du vent, on a d’ailleurs également mentionné John Irving. On ne s’en étonnera pas, compte tenu de l’influence exercée par Dickens sur le romancier américain, influence reconnue et revendiquée par l’intéressé.
Roman et cinéma
Il y a quelques jours, dans les colonnes du quotidien espagnol El País, l’écrivain Antonio Muñoz Molina comparait les visions de la littérature de deux compatriotes, Juan Goytisolo et Carlos Ruiz Zafón. Une semaine auparavant, les deux auteurs s’étaient exprimés à ce sujet en des sens diamétralement opposés dans un même numéro du journal. Le titre de l’article de Muñoz Molina, El integrado, el apocalíptico, faisait référence à une distinction forgée par Umberto Eco. Dans un essai publié il y a plus de quarante ans, sous les appellations (un peu étranges) d’« apocalyptiques » et d’« intégrés », le sémiologue italien opposait aux intellectuels qui dénoncent la « marchandisation » de la culture ceux qui, au contraire, voient dans le développement de la culture de masse le garant de la démocratie.
Dans l’esprit de Muñoz Molina, l’« apocalyptique » est Juan Goytisolo, un écrivain qui se présente comme un rebelle en révolte contre une société mercantile ; l’ « intégré » est Carlos Ruiz Zafón, auteur, à ce jour, d’un best-seller mondial, représentant et avocat de la littérature populaire, qui voit son métier essentiellement comme celui d’un raconteur d’histoires. Goytisolo plaide pour une littérature exigeante sans compromission avec les nécessités du commerce ; Zafón pour une littérature de divertissement jouant pleinement le jeu du marché.
Un livre qui se vend est-il nécessairement mauvais et un livre de qualité inévitablement condamné à une diffusion confidentielle ? Le succès commercial récompense-t-il uniquement la mauvaise littérature, et un destin d’auteur maudit est-il le critère du talent ? Non, répondait avec beaucoup de bon sens Muñoz Molina : de très grands auteurs comme Stendhal ont été ignorés par leurs contemporains, mais des géants de la littérature du niveau de Balzac, Tolstoï ou Dickens ont été lus de leur vivant par des milliers de personnes.
Que penser à cet égard des deux écrivains évoqués dans l’article, plus particulièrement du second et de son œuvre ? Ancien opposant au franquisme exilé en France et vivant aujourd’hui au Maroc, militant tiers-mondiste et critique virulent du capitalisme, auteur de romans souvent autobiographiques rédigés dans une prose tendue et écrivain reconnu, Juan Goytisolo est présent sur la scène littéraire hispanophone depuis plusieurs décennies. Ce n’est pas du tout le cas de Carlos Ruiz Zafón, qui est beaucoup plus jeune et n’y est apparu que très récemment, à l’occasion de la publication de son cinquième roman La sombra del viento (L’ombre du vent). Devenu en quelques semaines un spectaculaire succès de librairie, cet ouvrage a été traduit dans quarante langues et vendu à plus de dix millions d’exemplaires. Dans son genre, c’est incontestablement un livre réussi.
Un roman-feuilleton moderne
L’histoire se déroule à Barcelone durant une période qui va des années trente aux années cinquante du siècle dernier. Le héros et narrateur est un adolescent nommé Daniel, fils unique d’un libraire. Par un concours de circonstances, il se retrouve en possession d’un exemplaire apparemment unique d’un livre rédigé par un mystérieux écrivain de la ville nommé Julian Carax, disparu après s’être établi à Paris dans des circonstances qui n’ont jamais été complètement élucidées. Ce livre s’intitule précisément La sombra del viento. Intrigué et troublé, le jeune Daniel va s’engager dans une longue et dangereuse quête d’informations au sujet de l’homme et de son œuvre. Sa vie va se mélanger avec celle de plusieurs personnes qui ont été impliquées dans celle de Carax ou qui l’ont connu personnellement. Et il va connaître toutes sortes d’aventures liées aux conséquences d’une série de mystères dont la clé ne se dévoilera qu’à la fin du récit, en un dénouement dramatique dans une atmosphère de catastrophe, comme c’est presque la règle pour ce genre de roman. L’ombre du vent est un livre de plus de cinq cent pages dont au minimum cent sont de trop. Il y a des longueurs, surtout vers le milieu, et à plusieurs reprises le récit se traîne. Les personnages n’ont pas beaucoup d’épaisseur, leur psychologie n’est pas très élaborée, certaines images sont un peu convenues et il arrive même à Zafón de tomber dans les clichés. Barcelone est par ailleurs bien moins présente dans L’ombre du vent que dans les histoires du détective Pepe Carvalho de Manuel Vásquez Montalban ; le lecteur en apprend moins à son sujet que dans le roman historique La cathédrale de la mer (La catedral del mar) d’Ildefonso Falcones (un autre best-seller espagnol récent) ; et on n’y trouvera qu’un reflet de l’atmosphère psychologique et mentale si particulière de la cité, qui imprègne le merveilleux livre d’Eduardo Mendoza La ville des prodiges (La ciudad de los prodigios). Si la grande ombre de la guerre civile, particulièrement sanglante en Catalogne, plane de surcroît sur tout le roman, la façon dont cette tragédie a déchiré le pays reste évoquée d’une manière un peu abstraite.
Mais L’ombre du vent est un roman très bien construit. L’histoire est intelligemment bâtie et habilement exposée, sans ces incohérences et ces erreurs logiques qui viennent souvent entacher les romans à l’intrigue si compliquée que l’auteur se prend les pieds dans son propre récit. On est immédiatement happé dans le roman, et une fois plongé dans ses péripéties il est très difficile de s’en extraire. Plusieurs personnages sont assez réussis, et l’ambiance pesante de l’Espagne franquiste plutôt bien rendue. Rarement on se surprend à relire un paragraphe pour sa seule beauté. Mais rien ne heurte ou ne choque dans les phrases bien agencées et la langue soignée de Zafón, dont la prose carrée, riche et robuste entraîne efficacement le récit comme une machine intelligente et bien huilée, et vous porte confortablement tout au long du roman.
Certains critiques ont été jusqu’à comparer Zafón à Gabriel Garcia Marquez, pour l’étrangeté des situations et des personnages de La sombra del viento, ou à Jorge Luis Borges, sans doute parce qu’il y est beaucoup questions de livres, de bibliothèques et de littérature. À l’évidence, son univers est pourtant aussi éloigné du réalisme magique du premier qu’étranger aux fantaisies érudites du second. Et si son espagnol solide et coloré est agréable à lire, rien dans sa langue ne vient rappeler la prose superbe, musicale et enchanteresse de l’auteur de Cent ans de solitude ou le castillan pur, précieux et aristocratique du grand écrivain argentin.
On a rattaché L’ombre du vent à la tradition du roman « gothique » d’Horace Walpole et de Matthew Lewis, auquel il fait indéniablement penser par son atmosphère de mystère et de terreur et son organisation basée sur le procédé séculaire de l’emboîtement des récits (l’histoire dans l’histoire dans l’histoire). Le livre de Zafón se situe aussi dans la filiation des romans-feuilletons d’Eugène Sue et Alexandre Dumas, ainsi que de Charles Dickens, qu’il évoque par de nombreux aspects : la nature caricaturale des personnages, dans la tradition du théâtre qui a tellement marqué Dickens, le rôle qu’y jouent les dialogues et les récits de leurs aventures que font les différents protagonistes, et la manière peu vraisemblable dont ces derniers sont tous reliés les uns aux autres par un tissu serré de liens entrecroisés. A propos de L’Ombre du vent, on a d’ailleurs également mentionné John Irving. On ne s’en étonnera pas, compte tenu de l’influence exercée par Dickens sur le romancier américain, influence reconnue et revendiquée par l’intéressé.
Roman et cinéma
Mais il y a autre chose. Après un passage dans la publicité, Zafón a longtemps été scénariste de cinéma aux Etats-Unis - il réside d’ailleurs toujours à Los Angeles. Dans l’entretien publié dans El País auquel se réfère Antonio Muñoz Molina, il cite parmi ses influences les grands réalisateurs américains des années quatre-vingt, dont il a vu les films dans son enfance : Steven Spielberg, George Lucas, Martin Scorsese, Brian de Palma, Francis Ford Coppola. Il explique ce que son expérience dans ce domaine lui a appris et ce qu’il doit à son métier de scénariste. En substance : l’art de définir les personnages par leurs actions et leurs paroles plutôt qu’à l’aide de longues descriptions, et celui de concevoir des dialogues qui ont pour propriété de faire progresser l’histoire.
Davantage encore qu’au cinéma, c’est cependant à la télévision que Carlos Ruiz Zafón rend hommage. De fait, c’est dans les séries télévisées que les techniques mentionnées sont utilisées de la manière la plus systématique. À bien des moments, en lisant L’ombre du vent, autant que dans Le Moine ou David Copperfield, c’est effectivement dans un épisode de Without a Trace (FBI : portés disparus) ou de Cold Case (Affaires classées) qu’on a l’impression de se trouver plongé.
Il est ici nécessaire de reprendre les choses d’un peu plus haut. Traditionnellement, le roman remplit deux fonctions, que les universitaires appelleraient sans doute respectivement « narrative » et « littéraire », et auxquelles répond chez le lecteur un double plaisir : plaisir de se faire raconter une histoire, et plaisir de savourer des formulations heureuses et une langue riche et élégante. Le moment dans l’Histoire où ces deux fonctions se sont trouvées combinées de la manière la plus efficace et avec le plus d’éclat est le XIXe siècle, le siècle des trois écrivains cités par Munõz Molina et de bien d’autres créateurs de mondes, comme Dostoïevski ou Zola.
Avec les géants de la littérature du XXe siècle, Proust, Joyce, Kafka et Louis-Ferdinand Céline, ces deux fonctions du roman se sont en partie dissociées. Des auteurs comme Jack London, Ernest Hemingway ou Joseph Conrad, ont certes continué à raconter des histoires. Mais il existe aujourd’hui de nombreuses formes de littérature dans lesquelles le récit ne joue plus un rôle central, voire même plus de rôle du tout. Henry Miller, Jack Kerouac ou Philip Roth, pour ne prendre que trois exemples d’auteurs américains, faisaient ou font autre chose que simplement raconter des histoires.
Cette fonction qu’exerçait jusque-là la littérature, par défaut est-on tenté de dire rétrospectivement, le cinéma, puis la télévision en ont largement hérité. Aujourd’hui, ce sont en grande partie les films et les feuilletons qui racontent des histoires. A côté du développement de formes de littératures non narratives, une conséquence de ceci est l’apparition de romans, souvent de genre (romans policiers et romans noirs, récits d’espionnage, fantastiques et de science-fiction, thrillers politiques ou dans les milieux d’affaires), très influencés par le cinéma et basés sur les procédés qui font son succès : intrigues solides, dialogues nerveux, personnage schématiques mais bien campés, rapidité du récit, suspense, tension, langage imagé. On rangera dans cette catégorie des classiques « bien écrits », comme les romans de Raymond Chandler, Dashiell Hammett ou Eric Ambler, mais aussi des best-sellers comme ceux de Robert Ludlum, John Grisham, Stephen King, Michael Crichton ou Tom Clancy, qu’on qualifiera plutôt de « bien faits ». Presque toujours, ces livres ont été adaptés au cinéma, quand ils n’étaient pas carrément conçus en vue de cette adaptation.
Mais la tradition du roman du XIXe siècle n’est pas morte, elle est toujours présente dans les esprits. Régulièrement, des ouvrages viennent la réincarner ou s’en faire l’écho sous une forme adaptée au goût contemporain. A côté des livres de John Irving, on citera par exemple The people acte of love (Un acte d’amour), de James Meek, produit de l’accouplement de la tradition des romans russes et de celle des histoires policières ou d’horreurs. Best-seller écrit par un scénariste d’Hollywood dans le style d’un roman-feuilleton contemporain, L’ombre du vent s’inscrit à l’intersection ces deux familles de livres.
Carlos Ruiz Zafón vient de publier le second roman de ce qui est appelé à devenir une « tétralogie catalane ». Intitulé Le jeu de l’ange (El juego del ángel), comme un des livres de Julian Carax évoqué dans L’ombre du vent, c’est, dans le jargon du cinéma américain, une « prequel » du premier livre : une histoire reprenant en partie les mêmes personnages mais qui se passe à une époque antérieure, dans la Barcelone des années vingt. Il ne faudra sans doute pas attendre longtemps pour voir L’ombre du vent, Le jeu de l’ange et les autres volumes de la saga portés à l’écran. Compte tenu de la façon dont ils sont écrits, l’adaptation devrait en être très facile.